Stationnement vélo en gare : seul un tiers des 46 500 places prévues par la loi mises en place

La Loi d’orientation des mobilités (LOM) avait fixé en juin 2021 le nombre de stationnements vélo à réaliser dans les gares d’Île-de-France d’ici le 1er janvier 2024. À moins d’un an de l’échéance, le compte n’y est pas : seulement un tiers des 46 500 places prévues a été réalisé. Notre calcul montre que le nombre de parkings vélo est largement insuffisant pour répondre aux besoins des Franciliens et Franciliennes. Le Collectif Vélo Île-de-France appelle la SNCF et la RATP à accélérer le rythme de déploiement et à tenir leurs engagements.

Partout en Île-de-France, un manque de places vélos aux abords des gares 

Des milliers de Francilien·nes vont encore devoir attendre pour stationner leur vélo à la gare. L’objectif de 46 500 places de stationnement vélo aux abords des gares défini par la Loi d’orientation des mobilités (LOM) ne sera pas rempli en Île-de-France. Le décret n° 2021-741 du 8 juin 2021 avait laissé jusqu’à fin 2023 pour équiper 400 gares franciliennes. Or, d’après les calculs du Collectif sur la base des données publiques d’Île-de-France Mobilités (IDFM), seulement un tiers de l’objectif a été réalisé. Les résultats sont encore moins bons pour les gares parisiennes, où à peine 18% de l’ambition est atteint. 

La SNCF et la RATP en retard sur leur engagements

Les premiers acteurs du stationnement vélo en gare sont la SNCF et la RATP. Les deux opérateurs sont liés contractuellement à IDFM pour déployer des parkings vélo. “Les comptes n’y sont pas. Il est urgent que les deux opérateurs tiennent leurs engagements”, alerte Marie Wehner, responsable intermodalité du Collectif. 

La SNCF est censée faire 10 000 places entre 2020 et 2023. Aujourd’hui, elle n’en a réalisé que 3 694. 6 350 autres sont financées mais ne sortiront de terre au mieux que l’an prochain. À l’heure actuelle, la SNCF n’a donc rempli que 37 % de ses obligations. Le Collectif regrette par ailleurs que la SNCF consacre beaucoup de son énergie à équiper des gares parmi les moins fréquentées d’Île-de-France et qui ne figurent même pas dans le décret de la LOM.

La RATP est encore plus en retard. Sur les 5 000 places prévues d’ici 2024, elle n’en a fait que 444, soit 9% de ses obligations. 3 964 autres sont financées mais ne sortiront de terre au mieux que l’an prochain.Et pour l’essentiel, il ne s’agit pas de nouvelles places, mais de stationnements vieillissants ou dégradés réhabilités et étendus comme à la gare RER A de Neuilly-Plaisance. 

Comment accélérer ? Les propositions du Collectif Vélo Île-de-France 

Le Collectif Vélo Île-de-France appelle la SNCF et la RATP à respecter leurs engagements. Il fait également plusieurs propositions pour accélérer  :

  1. Déployer rapidement des arceaux en libre accès

Les projets de stationnement en libre accès avec des arceaux sont souvent liés à l’installation de consignes fermées. Or ces espaces, même s’ils sont nécessaires, mettent du temps à voir le jour à cause de leur complexité : délais de commande, raccordements électriques, travaux plus lourds et difficulté d’identifier du foncier…  Afin de permettre aux Francilien·nes de se garer au plus vite et d’équiper les gares qui n’ont aujourd’hui aucune solution de stationnement comme Porte Maillot (Ligne 1 du métro et RER C), le Collectif appelle à déployer massivement du stationnement en libre accès. Installés sous un toit et dans des lieux passants, les arceaux sont souvent une solution prisée comme en attestent les gares RER A de Vincennes et Houilles – Carrières-sur-Seine.  

Stationnement vélo libre accès, gare RER A de Houilles Carrières-sur-Seine, Crédits : google maps

  1. Se focaliser sur les gares les plus fréquentées

IDFM, la RATP et la SNCF doivent se concentrer sur les “gares LOM” pour répondre au plus vite aux attentes des cyclistes. Les stations de Nanterre (Nanterre Ville et Nanterre Préfecture) sur la ligne RER A par exemple sont des gares très fréquentées pour lesquelles la RATP n’a pour l’instant pas présenté de projet. La SNCF est attendue sur des gares comme Saint-Denis (Lignes Transilien H et RER D) ou Maisons-Alfort-Alfortville (RER D).

  1. Installer du stationnement temporaire en attendant des projets plus lourds

Comme il existe maintenant des pistes cyclables temporaires en attendant un projet définitif, le Collectif suggère la mise en place de stationnement temporaire. Dans plusieurs gares comme Nogent-sur-Marne de la ligne RER A, les projets de transformation de la gare retardent l’installation de places vélo. Des solutions de stationnement temporaire existent pourtant à l’image de celles mises en place sur l’esplanade de la Défense lors de la crise Covid en 2020. Elles peuvent aussi combler le temps d’attente entre le vote d’un projet et le moment où il est effectivement réalisé qui dépasse souvent douze mois.  

Stationnement provisoire, place de la Concorde à Paris

La combinaison vélo-train, un potentiel immense en Île-de-France 

Ce retard dans le déploiement du stationnement vélo en gare pénalise le développement de l’usage du vélo en Île-de-France comme alternative à la voiture”, déplore Marie Wehner, responsable Intermodalité. Tout le monde n’a pas la possibilité de faire l’intégralité de son parcours à vélo. En revanche, beaucoup de trajets deviennent possibles en combinant vélo et transports en commun, surtout dans une région comme l’Île-de-France où le maillage en transports en commun est particulièrement dense. Aux Pays-Bas, la moitié des passagers du train ont commencé leur trajet à vélo. Le stationnement est la condition indispensable pour que les Francilien·nes puissent venir à vélo à la gare. 

Retrouvez nos préconisations techniques pour un stationnement vélo en gare réussi dans cet article : Stationnement vélo en gare : nos préconisations pour faire mieux et plus vite.