Le prolongement de la ligne 14 est une excellente nouvelle pour les transports en Île-de-France, mais à l’heure où les cyclistes n’ont jamais été aussi nombreux·ses dans le Grand Paris, le vélo a-t-il bien été pris en compte pour rejoindre les nouvelles gares ? L’évaluation du Collectif Vélo Île-de-France montre que le nombre de places de stationnement vélo est insuffisant et les aménagements cyclables de rabattement vers les gares encore trop rares.
En décembre 2020, les autorités inauguraient à Mairie de Saint-Ouen le prolongement de la ligne 14 sans aucun stationnement vélo, et un bout de piste cyclable sur trottoir devant l’entrée de la station. Plus de trois ans après, la ligne 14 continue de s’étendre au sud et au nord, et la situation s’est légèrement améliorée pour les cyclistes. Toutes les gares ouvrent avec des places de stationnement vélo, et certaines prévoient bien des aménagements cyclables en proximité. Mais dans l’ensemble, ces efforts restent timides. Il manque partout du stationnement vélo par rapport à la fréquentation des stations, et surtout les itinéraires sécurisés de rabattement à vélo vers les gares n’ont jamais été pensés ni réalisés. En conséquence, le potentiel de l’intermodalité entre le vélo et le métro est encore sous-exploité.
Un manque d’aménagements sécurisés pour se rendre à la gare
Nous avons évalué deux aspects pour le rabattement vélo vers les gares : la présence d’aménagements cyclables dans les environs immédiats, et les itinéraires de rabattement dans un rayon de trois kilomètres (10 minutes à vélo). Pour ce qui est des environs immédiats, nous constatons que le vélo est trop souvent mélangé aux piétons (Villejuif – Gustave-Roussy), aux bus (Hôpital Bicêtre) ou aux voitures (L’Haÿ-les-Roses). Le Collectif demande la réalisation d’aménagements séparés, qui mettent en sécurité les cyclistes pour les inciter à venir à vélo, et qui ne génèrent pas de conflit avec les piétons très nombreux aux abords des gares.
Dans un rayon plus large de 3km, pour les gares situées dans le Val-de-Marne, le point noir pour le rabattement à vélo est le franchissement de l’autoroute A6 (pour le nord de la ligne). La D7, départementale structurante pour la plupart des nouvelles gares, pose également problème : trop souvent les aménagements cyclables ne sont pas sécurisés (au niveau du Kremlin-Bicêtre) ou interrompus (entre les gares de Chevilly-Larue et Thiais–Orly).
Il n’est pas trop tard pour agir et encourager l’intermodalité vélo-métro dans les années à venir. Le Collectif appelle les communes concernées à penser dès à présent un plan de rabattement à vélo vers les gares, avec des aménagements cyclables sécurisés et du jalonnement. Il pourra être élaboré en lien avec Île-de-France Mobilités, la Métropole du Grand Paris et les départements de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.
Des places de stationnement en quantité insuffisante
Côté stationnement, le Collectif regrette que le nombre de places prévu pour l’ouverture de la ligne soit insuffisant pour au moins trois des six gares. C’est le cas à Maison Blanche dans Paris, où seulement 50 places sont prévues. À Hôpital Bicêtre, seules 100 places seront disponibles à l’ouverture – soit un cinquième des 480 prévues à l’horizon 2030. À l’Haÿ-les-Roses, les 416 places ne seront probablement plus suffisantes dans un future proche pour les voyageur·euses venant de L’Haÿ-les-Roses, Chevilly-Larue, Villejuif, Thiais, et Bourg-la-Reine.
Même l’augmentation prévue à horizon 2030 semble parfois insuffisante : à Hôpital Bicêtre par exemple, 480 places sont annoncées, pour 20 000 voyageur·euses par jour. Avec cette offre seules 2,4 % des personnes arrivant ou partant de cette gare pourront stationner leur vélo. Il est donc nécessaire de trouver des solutions pour étendre l’offre. Des parkings voitures (en voirie ou parking fermé) et rez-de-chaussées d’immeuble peuvent facilement être transformés en parkings vélo. Afin de répondre rapidement au besoin, du stationnement temporaire peut également être déployé. C’est ce qui sera d’ailleurs fait à la gare de Saint-Denis – Pleyel, une source d’inspiration pour les autres gares de la ligne.